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Dans le privé, comme dans le public, la démocratisation des messageries instantanées séduisent le corps enseignant. Mais elles divisent aussi. Des alternatives existent pour renforcer et fluidifier les liens entre l’école, les parents et les élèves.

 

Rien ne résiste au numérique. Le tsunami technologique qui s’est abattu sur nous au tournant des années 2000 a profondément repensé nos modes sociaux, d’interactions, de travailler. S’il y a un domaine où cette transition numérique est la plus prometteuse autant qu’elle est sensible, c’est peut-être l’éducation. Depuis le déferlement des portables en classe jusqu’aux cours assistés par ordinateur, le monde de l’enseignement est en pleine ébullition. Entre projets pilote et retours en arrière, les cantons suisses ne sont pas alignés sur la place des technologies de l’information de la communication (TIC) à l’école. Une certitude: le numérique a radicalement chamboulé la relation entre les élèves, leurs parents, et l’école. Mais comment?

Garder ses enfants à portée de clics

A Cernier, dans le canton de Neuchâtel, le Collège de la Fontenelle joue les pionniers. Depuis la rentrée scolaire 2017, les parents d’élèves communiquent avec l’instruction publique via un logiciel et une application mobile. Son nom? Pronote. Sur les écrans des téléphones des 4400 parents s’affichent plusieurs rubriques. Ils peuvent consulter les devoirs de leurs enfants, justifier les absences, communiquer avec le corps enseignants et recevoir des communications officielles. L’introduction progressive de Pronote a pour but de renforcer et fluidifier le lien entre les parents et l’école, mais aussi d’alléger la charge administrative des enseignants.

Un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout… Face au numérique, le coeur des écoles romandes balancent. Depuis le mois de mai 2018 et l’entrée en vigueur du règlement européen sur la protection des données (RGPD), plusieurs cantons ont interdit l’utilisation de WhatsApp aux moins de 16 ans afin de protéger les plus jeunes. Mais voilà, la messagerie instantanée propriétaire de Facebook, était devenu un outil privilégié des enseignants pour communiquer avec les parents. Non sans écueils, car en l’utilisant, les professeur.es se sont rendus disponibles 24h/24. Quant aux élèves présents sur le groupe de la classe, ils peuvent communiquer n’importe quel contenu.

«Facebook» en circuit fermé

Des alternatives existent. Plusieurs cantons plaident pour la messagerie sécurisée Threema qui, contrairement à WhatsApp, ne collecte pas les données des utilisateurs. En Suisse alémanique, une trentaine d’écoles testent le programme Klapp. Cet outil en ligne permet de gérer les communications entre les enseignants, les parents et les élèves. Il ne propose pas de chat. Mais la véritable révolution du lien parents-école pourrait nous venir de France. L’application Klassroom, qui connaît déjà un joli succès dans l’Hexagone, a débarqué en Suisse. Klassroom, c’est peu ou prou un «Facebook» en circuit fermé qui remplace l’agenda scolaire.

Klassroom prend les traits d’une plateforme disponible via une application (iOS et Android). L’enseignant.e crée une classe en guise de profil. Les login sont ensuite envoyés à l’ensemble des parents d’élèves de la classe qui peuvent s’enregistrer en tant que «papa de X» ou «maman de Y». Les parents ont donc accès à cette classe virtuelle. Les enseignants peuvent poster des messages, des vidéos et des photos sur le mur de la classe virtuelle, mais aussi échanger des documents officiels. Des canaux privés existent, ce qui permet aux parents de dialoguer entre eux.

Si Klassroom vise à dynamiser les rapports profs-parents, elle ne fait pas l’unanimité. Tous les parents ne l’utilisent pas. Certains pointent déjà certaines dérives possibles. Par exemple, la démultiplication des notifications. Mais aussi l’obligation pour l’enseignant.e de recevoir le consentement de tous les parents pour poster une photo d’élèves. Si l’application séduit un nombre croissant d’écoles, elle mérite un encadrement strict dans son utilisation.