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Le numérique et la durabilité sont-ils compatibles ?

 

Alors que les gouvernements s’engagent à des politiques climatiques ambitieuses (mais réalistes?), la question de la durabilité est sur toutes les lèvres. Elle n’échappe pas aux PME qui, comme toutes organisations, doivent l’aborder et la définir. Mais comment?

En effet, l’adoption de processus permettant l’utilisation des ressources d’une entreprise de manière durable est devenue vitale pour l’organisation. Elle lui permet de réduire ses coûts tout en améliorant son image. De plus, une politique durable lui permet d’améliorer la qualité de vie et le développement socio-économique de sa communauté – ses collaboratrices et collaborateurs, comme ses clients et fournisseurs.

Voilà pour la théorie. La mise en pratique est un autre défi, d’autant plus que le spectre du greenwashing n’est jamais trop loin. Bientôt, elles n’auront plus le choix. Dès 2024, les entreprises d’au moins 500 collaborateurs devront prouver leur empreinte carbone par des données claires et précises, y compris pour les émissions de leurs fournisseurs. Une obligation qui fait bouger les choses. Selon  l’étude Swiss IT, environ un tiers des entreprises participantes utilisent déjà des modèles de calcul pour déterminer leur empreinte carbone. En 2022, elles n’étaient que 13%.

Très bien. Mais puisque le numérique représente aujourd’hui 2-4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales, avec un taux de croissance de 6-9% par an, est-il compatible avec la durabilité? Dans son étude, le chercheur du Centre de compétences en durabilité de l’UNIL Johann Recordon répond simplement non, puisque l’impact du numérique sur le climat pourrait doubler avant 2030: «Considérant le besoin de réduire les émissions mondiales de 50% d’ici 2030 et 95% d’ici 2050, afin d’atteindre la neutralité carbone et respecter l’Accord de Paris, l’état actuel et anticipé du numérique au niveau mondial apparaît donc comme n’étant pas soutenable», insiste-t-il.

Alors que faire? Afin d’avoir un impact, il s’agit tout d’abord pour la PME d’identifier et de comprendre les éléments à modifier. Et dans ce cas, la technologie est la clé, car elle permet de mesurer l’empreinte d’un produit dès sa conception, sur toute la chaîne d’approvisionnement jusqu’à sa distribution, en passant par la phase de production. C’est important, parce que jusque-là, les entreprises ne mesurent pas leur empreinte carbone dans leur totalité. Elles basent en effet leur bilan sur les émissions liées à la fabrication de leurs produits mais omettent le calcul des émissions indirectes liées au cycle de vie du produit. C’est-à-dire en amont chez les fournisseurs, puis en aval, dans son utilisation et son élimination. Or, c’est ce troisième niveau qui concentre la plus grande quantité d’émissions. Il est par conséquent le plus important à mesurer.

Parce que l’avenir des organisations passe par un usage transparent et de confiance des technologies numériques, de quelles manières peuvent-elles mettre en œuvre des pratiques éthiques et responsables? La réponse est «simple»: le numérique et la durabilité peuvent être compatibles si les technologies numériques sont développées et utilisées de manière responsable. Il est ainsi important de prendre en compte les aspects tels que la consommation énergétique, la gestion des déchets électroniques, l’inclusion numérique et la responsabilité des acteurs numériques pour maximiser les avantages et minimiser les impacts négatifs sur la durabilité.