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L’IT dans le viseur de la crise énergétique

 

Les centres de données représentent 3,6% de la consommation d’électricité suisse. Alors que le Conseil fédéral dévoile ses mesures pour éviter les pénuries d’énergie cet hiver, comment le secteur peut-il réduire sa facture sans entraver ses services? Les acteurs du secteur devront-ils déménager leurs applications et serveurs dans des pays où l’approvisionnement énergétique est assuré?

Une actualité en chasse une autre. Après deux ans de pandémie, c’est au tour de la crise énergétique d’occuper le devant de la scène médiatique, politique et économique. Avec elle, le spectre de pénuries d’électricité cet hiver, dont on ne connaît pas encore très bien l’ampleur. Même si le climat se réchauffe à vive allure, l’heure est à la chasse aux économies et à la constitution de stocks pour ne pas geler dans trois mois.

Le Conseil fédéral multiplie d’ailleurs ses appels à réduire la consommation d’énergie. Dans son plan d’action de lutte contre la pénurie, il envisage même le recours exceptionnel à des centrales de réserves fonctionnant au pétrole et susceptibles de produire 300 MW, soit 80% de la puissance de la centrale nucléaire de Mühleberg. Face à la presse, Guy Parmelin a d’ailleurs dévoilé diverses mesures selon la gravité du scénario. Soit des contingentements, voire des coupures de courant programmées.

Tous les secteurs sont concernés. Mais il y en a qui fait débat: l’IT. Dans une société numérisée, où nous dépendons presque entièrement des outils digitaux, comment pouvons-nous réduire la consommation d’un secteur très énergivore sans entraver la bonne marche de l’économie, des services…etc? La question est sensible. L’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE) tente d’y répondre et de rassurer les prestataires du secteur, tous clients et dépendants des centres de données.

AKW Mühleberg, Bern, Schweiz

Contacté par le magazine en ligne ICTjournal, l’OFAE rappelle que les centres de données font partie des infrastructures critiques (comme les hôpitaux), mais que ce statut particulier ne leur confère pas un traitement différencié: «En fonction de la situation, certains consommateurs relevant de l’approvisionnement de base peuvent être partiellement ou totalement exemptés des mesures de gestion. Cette évaluation n’est toutefois possible que dans une situation de crise concrète».

Par conséquent, «les exploitants d’infrastructures critiques et les entreprises dont l’approvisionnement est essentiel sont également tenus d’exploiter leur potentiel d’économie d’énergie en cas de pénurie d’électricité». C’est-à-dire par le recours aux générateurs électriques de secours dont sont tous équipés les centres de données. Le recours à ces génératrices serait toutefois compliqué, souligne le Conseil fédéral: «les propriétaires devraient approuver l’utilisation à ce titre, et il y a encore des questions de logistique à régler comme le recours à l’énergie, l’achat de combustibles et la rétribution».

Mais quid de la situation en cas de coupures d’électricité prolongée? «L’ensemble du secteur est inquiet à ce sujet», confirme Dominik Müller, directeur adjoint de l’Association suisse des télécommunications (ASUT). Mais il rassure: «Les grands exploitants de centres de données disposent d’une gestion de crise appropriée pour pouvoir fournir des services de base même en cas de crise – et ils sont bien préparés, notamment pour les coupures de courant de courte durée», souligne Dominik Müller, directeur adjoint de l’Association suisse des télécommunications dans le magazine en ligne ICTjournal.

Le problème? Les centres de données sont très gourmands. Selon l’étude de l’Office fédéral de l’énergie, leur consommation se situait à environ 2,1 térawattheures en 2019. C’est-à-dire 3,6% de la consommation électrique suisse. Ce chiffre inclut aussi les centres de données internes aux entreprises qui ne disposent pas forcément d’une installation d’alimentation de secours. La question de savoir si les centres de calcul pourraient se déconnecter du réseau électrique pour le soulager en cas d’urgence, et fonctionner grâce à des générateurs de secours reste ouverte.

Equinix et Digital Realty, les deux plus grands opérateurs de centres de données au monde, n’ont pas attendu la réponse pour prendre les devants. Afin de garantir l’alimentation de leurs générateurs de secours, ils ont augmenté leurs réserves de … diesel. Pas de quoi faire plaisir au climat.

Le monde de l’énergie a d’avantage évolué lors de la dernière décennie qu’en un siècle.

Conjuguée avec l’entrée en force des technologies de l’information, cette dynamique ne fera que s’accélérer à l’horizon 2030-2050. Finie l’architecture «descendante»  propre aux industries de réseau, l’avenir appartient aux modèles éclatés qui s’articulent en grappes de microréseaux ou «microgrids». Ces nouvelles formes de flexibilité répondent aux enjeux d’insertion de la production renouvelable ; elles vont changer la nature des réseaux mais aussi leur exploitation. Avec Softcom, cet avenir se matérialise en Suisse.